Les métiers ont plus de valeurs que les grands diplômes

Quand pendant les vacances scolaires son père l’inscrit pour l’apprentissage de la couture, ils sont tous les deux loin de s’imaginer l’issue de cette pratique. Épouser le métier de styliste devient un juste retour des choses.

KOUASSI Francisca, est styliste modéliste et enseignante. Célibataire sans enfant, elle a commencé l’apprentissage de la couture depuis 2008. Plus de dix ans à le faire et elle ne s’en lasse pas. Francisca a préféré l’apprentissage de la couture à l’école classique. Ce métier, elle l’a choisi non pas parce qu’elle n’était pas brillante à l’école mais parce que pour elle, c’était la meilleure option : elle a trouvé son « truc ». « La couture est une véritable passion pour moi ; cette passion est née au contact des étoffes. Le fait de réussir à transformer un bout de tissu sans forme en un vêtement » dit-elle.

École, école de couture : passe-temps, plein temps.

« Papa avait une idée peu commune des vacances scolaires pour ma sœur et moi » se souvient Francisca. Elle apprend la couture pendant les vacances et sa sœur la coiffure. Son père les y a orienté sans leur forcer la main. Pour lui, la vie est chargée de surprise et tout peut arriver à tout moment, basculer. Apprendre donc un métier en parallèle à l’école est forcément un plus. Elle poursuit en disant « papa nous poussait à apprendre un métier à côté en plus de l’école pour nous protéger et nous assurer un lendemain au cas où il serait trop tôt absent. »

La couture a pris le dessus et en classe de 1ère Francisca arrête l’école et s’oriente vers le Centre de Formation Professionnelle (CTF) où elle se consacre à l’apprentissage de la couture avec plaisir : « au cours de la formation, je comprenais vite tous les rouages, j’assimilais les choses immédiatement contrairement aux autres et en l’absence des professeurs, je prenais parfois le temps d’expliquer les cours à mes amies… »  À la fin de sa formation, elle se lance et ouvre une boutique : un atelier de couture avec une amie qui devient son associée. Franscisca poursuit sa passion en se spécialisant dans la confection de vêtements en tissus : les tenues de mariages et de grandes occasions. Pour elle, travailler le tissu est complexe et tout le monde n’y arrive pas. Malgré le fait que la couture des imprimés wax soit très en vogue en, elle préfère le tissu. « Je ne suis pas Madame tout le monde… il faut se démarquer, c’est pourquoi j’ai choisi le tissu ».

Se former et Former en retour

Quelque temps après l’ouverture de sa boutique, son associée décède. Malgré cette épreuve, elle ne lâche rien et continue son activité. Dans le même temps, une opportunité se présente à elle. On lui propose d’enseigner dans son ancien établissement. Pour ce faire, il lui faut une formation aux métiers de la formation. Elle vient de la boucler à l’Institut Pédagogique National de l’Enseignement Technique et Professionnel (IPNETP) en tant qu’enseignante de couture.

Francisca est si excitée à l’idée d’enseigner. « Pour moi, l’enseignement, c’est ce plaisir de partager, d’enseigner aux autres ce que je sais et ce que je sais faire. J’aime autant coudre et je suis embarrassée ».

« J’ai l’embarras entre l’enseignement et le métier à plein temps. Les deux sont intéressants. Mais, retenez que je peux faire les deux en même temps, ce n’est pas impossible. L’enseignement a ses règles, la couture aussi. Il faut arriver à s’organiser, à planifier son temps. Dans l’enseignement, je peux préparer les cours à l’avance c’est facile à gérer. Je pourrai alors utiliser mon temps libre pour réaliser les tenues de mes clientes. » Tel est le dilemme de Francisca. Elle arrive tout de même à trancher puisqu’au temps de sa boutique, elle a réussi à combiner les deux activités. Tout est une question d’organisation selon elle et satisfaire ses clients est l’une de ses priorités. « Il faut s’arranger à donner satisfaction à la cliente, surtout quand c’est une future mariée » dit-elle sur un ton de confidence.

Tout faire…

Francisca à d’autres activités ; en dehors de la couture elle fait de la décoration et du commerce. Elle s’identifie à la femme vertueuse citée dans la Bible dans le livre de Proverbes 30. A ce titre, elle incite toutes jeunes femmes titulaires d’un diplôme ou non à apprendre un métier. À celles qui ont arrêtés les cours, elle leur recommande de faire une activité qui les rendra utiles et épanouies. « J’ai un pincement au cœur à la vue de ces jeunes femmes qui ne font rien. Je trouve que c’est du gâchis. Il y a tellement d’opportunités en Côte d’Ivoire que ces jeunes femmes pourraient exploiter. Il y a tellement de domaines à explorer. »

 Signé   Maunik Assi

Francisca au regard de son expérience personnelle pense que toute jeune femme devrait apprendre un métier. D’ailleurs elle est catégorique sur la question. « Elles doivent se lancer, tout métier nourrit son homme. Qu’elles viennent donc à l’apprentissage. Pour moi, personnellement, les métiers ont plus de valeur que les grands diplômes. Une personne diplômée peut ne pas trouver du travail et chômée contrairement à une personne ayant appris un métier qui peut s’insérer et gagner sa vie partout où il ira »

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