Dans de nombreux pays, les femmes se retrouvent seules, subitement sans ressources après le décès de leurs maris. Privées de tout, elles n’arrivent pas à subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. C’est pour pallier cet état de fait que Madame Adjo a fait le choix du commerce de beignets et d’attiéké poisson alloco.
Abidjan Cocody, dans le village/quartier de Blockhaus, douce, calme, le sourire avenant, Madame Adjo Paulette, commerçante tient un étal de restauration. Des beignets communément appelés Gbofloto qu’elle propose au petit-déjeuner, de l’attiéké et alloco accompagnés de poissons pour le reste de la journée. Elle est veuve et maman de trois enfants.
Elle tient son activité depuis près d’un an. Une activité qu’elle prend à bras le corps pour mille et une raisons.
A la suite du décès de son époux, sa vie n’est plus ordinaire. Elle se retrouve seule, sans soutien avec ses trois enfants dont deux sont en âge d’être scolarisés. Elle a l’idée de faire ce commerce pour assurer les frais d’écolage des enfants, régler les charges de la maison, payer le loyer, vivre dignement… N’ayant pas d’autre choix et en attendant le versement de la pension de son époux, ce commerce reste sa seule option. Dame Adjo affirme que « ce commerce lui permet de s’en sortir : assurer la scolarité des enfants, leurs dépenses quotidiennes et régler les factures. »
Quand certains choix s’imposent à vous
« Je suis obligée de le faire. C’est mieux que demander de l’argent aux gens » confie-t-elle. De plus, elle trouve qu’avec le commerce de nourriture, elle a la possibilité de se faire de l’argent au jour le jour, sans être exposée aux difficultés des autres types de commerce. Elle n’immobilise pas de grands stocks et « on ne mange pas à crédit » selon elle.
C’est une activité difficile selon elle, il y a la fatigue engendrée par ce travail ardu. Il faut se lever avant l’aurore, s’occuper des siens et faire face aux exigences fantaisistes de ses clients. Il y a aussi les propos désobligeants de certains jeunes clients. Ces attitudes n’arrivent tout de même pas à ébranler son calme : « elle garde le sang-froid » comme elle le dit si bien. « Mais il y a des clients qui se démarquent quelques-uns m’appellent affectueusement maman ou tantie », ajoute-t-elle.
Toutefois, elle n’entend pas se limiter à ce commerce. À long terme, avec ce qu’elle aura économisé, elle compte ouvrir une boutique de vente d’articles divers.
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Se lever pour eux
Les journées de madame Adjo démarrent à 4h45 ; elle « doit se lever tôt pour pouvoir commencer la vente au moment où les gens sortent de chez eux ». Bravant le froid et la nuit pour se rendre à son étal situé à trente minutes de marche de sa maison, elle arrive sur son lieu de travail à 6 heures. Elle fait les fritures de beignets jusqu’à 8 heures quand ça finit tôt ou 10 heures lorsque c’est tard. Elle enchaîne aussitôt la vente de l’alloco et de l’attiéké-poisson. Sa journée peut finir à la tombée du jour. Et là, elle rentre chez elle et redevient la maman de ses enfants.
Signé Maunik Assi
Chaque jour cuisiner, servir les repas, gagner de l’argent, Dame Adjo déclare « C’est vraiment difficile mais, je ne peux pas faire autrement. Quand tu n’as rien et que tu appelles tes proches, ils ne réagissent pas. Surtout quand tu es veuve, ils se disent que tu viens exposer des problèmes. Plus personne ne décroche tes appels parce qu’ils croient que tu vas leur demander de l’argent. Je dois m’occuper de mes enfants ».
Elle conseille aux jeunes femmes, de ne pas se laisser abattre face aux situations que la vie leur inflige. Elle a certes perdu son époux, mais, elle garde l’espoir, la joie de vivre et la force d’offrir un avenir radieux à ses enfants. « Il est préférable de se débrouiller pour être soi-même indépendante que de compter sur les autres » conclut-elle.