Je cherche encore ma voie

Adjara fait partie de cette jeunesse ivoirienne qui se cherche. Aller à l’école comme on peut, jusqu’à là où on peut, en sortir diplômé pour certains, simplement instruit pour d’autres ou en être carrément exclu pour les moins chanceux. En sortir avec des rêves, des ambitions et se confronter à une réalité cruelle : Il n’y a pas de travail, il n’y a quasiment pas d’opportunités alléchantes.

Adjara Ouattara, cette jeune femme de 26 ans n’échappe pas à la règle. Elle est admissible au BTS en Ressources Humaines et communication. C’est une femme insouciante, joviale, qui prend la vie comme elle vient et la croque à pleine dent. En attendant des lendemains meilleurs, elle vit chez son frère aîné et se débrouille comme elle le dit si bien. On rencontre Adjara de façon inattendue et cette boule d’énergie retient l’attention dans ce camp de loisirs dont elle pourrait être la mascotte. Elle déboule en robe  sur son vélo rose. C’est le comité d’accueil. Elle reçoit les clients et vérifie les réservations. Elle comprend même l’anglais mais n’ose pas répondre dans cette langue. C’est une petite femme un peu “affairée” mais sympathique, on prend du plaisir à discuter avec elle. 

 Un petit boulot en attendant. 

Chaque matin, Adjara quitte la maison dans la commune d’Abobo à partir de 6 heures pour se rendre à Azaguié, à 40 km d’Abidjan. Elle arrive là avant 8 heures pour une journée de travail qui finit généralement à 19 heures. Les week-ends, c’est parfois jusqu’à 21 heures qu’elle travaille. Elle a obtenu un poste de commerciale sur ce site touristique proposant plusieurs loisirs. Son rôle est de rendre agréable le séjour des visiteurs qui viennent y passer la journée. Vélo, canoë, marche, tir à l’arc, jeux divers sont les loisirs que le site met à la disposition des visiteurs. “Quand les visiteurs arrivent, je les aide à s’installer et leur propose tout ce que nous avons pour leur détente. J’ai donc appris à maîtriser tout ce que nous faisons ici pour le montrer à nos hôtes, pour qu’ils passent un moment agréable“.  en attendant la soutenance à son BTS. 

Un parcours atypique

Son parcours scolaire débute au Ghana où elle fait l’école primaire. Elle fait le collège à Tanda, dans l’Est de la Côte d’Ivoire. C’est là qu’elle apprend à faire le vélo. C’est une nécessité puisque c’est le moyen le plus sûr d’arriver à l’école qui est très éloignée de la maison. Elle poursuit ses études à Abidjan en secrétariat pour préparer le BAC G1. Pourtant son rêve est de faire un métier de la santé : infirmière ou sage-femme. En attendant, Adjara a trouvé cette opportunité qui lui permet d’arrondir ses fins de mois, de moins peser sur son frère aîné. Elle déclare qu’elle ne veut pas être réduite à vivre aux crochets d’un homme en ces termes : “quand un homme te donne de l’argent, ce n’est pas simple; l’argent de garçon, il pose ça sous son sexe. Pour y avoir accès, il faut le soulever et je ne veux pas passer par là”. Elle affirme conseiller ses amies et les filles plus jeunes à faire attention à ne pas tomber dans les pièges de la prostitution ou de “ gérance de Bizi”. Elle les encourage au travail. Pour elle il faut persévérer, se prendre en charge. Pour le moment, elle guette toutes les opportunités possibles pour s’insérer dans la vie active. Une chose est sûre, elle n’abandonne pas ses rêves.

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *