A prendre ou apprendre : La vie ne lui laisse pas le choix

Cette dame comme un roseau ploie mais ne se brise pas. La vie ne lui a rien donné mais elle n'a rien lâché non plus. Elle s'est accrochée, a glané tout ce qu'elle pouvait trouver. Elle a travaillé de toutes ses forces le plus loin qu'elle puisse se souvenir.

C’est une femme à la constitution frêle,  elle a l’aspect d’une adolescente. Scolarisée jusqu’en classe de CM2 elle s’exprime tellement correctement qu’on dirait qu’elle a poursuivi des études secondaires au moins. En 1992, elle rencontre l’homme qui deviendra son époux deux ans plus tard. Il est jardinier, fleuriste. Ils sont parents de six enfants dont 5 sont à leur charge. Ceux-ci sont scolarisés du primaire au secondaire.

Beaucoup d’effort pour de maigres revenus

Coiffeuse au départ, elle commence son activité dans un marché. Son local est un abri de fortune sans eau courante ni électricité. Elle y tresse, fait des shampoings, boucle les cheveux des clientes qui veulent bien revenir plus tard en attendant qu’ils sèchent. Elle s’en sort couci couça mais sa brillante idée est récupérée par des concurrentes qui ont plus de moyens : des commodités adaptés, l’eau, l’électricité et même la télévision. Pendant ce temps, sa santé se dégrade et elle arrête.. “C’était rude, la maladie m’a empêché de travailler. Quand ma santé s’est améliorée, je ne pouvais plus continuer, j’avais perdu toute ma clientèle. C’est là que je me suis mise à vendre des vivres”.

Pour ce faire, elle achète du poisson pour 300 F CFA. Elle le revend dans son quartier en vue d’obtenir un bénéfice de 100 F CFA. Ce qui lui demande plus de 3 tours par jour au marché; faute de moyens financiers pour faire un stock. Elle fait fumer le poisson, ajoute des légumes sur un étal dans son quartier. Elle est la première femme à le faire dans son quartier. Avec ses revenus, elle soutien son mari et dépense parfois plus qu’elle n’a de bénéfice. Elle vit au jour le jour.

Vivre malgré l’épreuve

Sa famille n’a pas les moyens de payer une caution pour la location d’un habitat décent. Ils occupent des maisons inachevées avec la permission des propriétaires et quand le lieu devient fréquentable, ils sont expulsés. Ils ont vécu cette situation à 7 reprises pour finir sur un terrain dont le propriétaire a confié la garde au père de famille. Elle déclare : “En 2011, le propriétaire de ce terrain a demandé à mon mari de veiller sur son site moyennant un salaire mensuel. On a construit ce sicobois (maison de fortune faite de ciment et de planches), c’est notre maison.” C’est là que la famille vit : une bicoque de 6m² au plus pour 7 personnes. C’est aussi dans les environs qu’elle a installé un étal. Elle se ravitaille chaque jours au grand marché d’Adjamé en produits vivriers qu’elle revend. Elle cultive sur le reste du terrain des légumes pour nourrir sa famille. Le surplus est vendu.

Vie cruelle

Tout semble s’améliorer pour elle mais son mari tombe malade. Il devient presqu’invalide. Des douleurs dans les jambes réduisent sa mobilité et l’empêchent de travailler. Elle prend le relais et tient la famille à bout de bras pendant 3 ans. Assurer les repas, le transport, la scolarité et le quotidien de la famille dans la dignité devient sa raison de se lever chaque matin. Elle s’essouffle physiquement, financièrement. Ça pourrait continuer ainsi si sa santé n’était pas fragile. Si le propriétaire ne parlait d’expulsion. Ils doivent à nouveau partir. Elle ne peut plus poursuivre son commerce et n’a aucune épargne. L’année scolaire est en cours et ils n’ont pas de point de chute. Malgré tout cette femme compte faire ce qu’elle a toujours su faire : prendre soin des siens.

 

PS : Toutes les fins ne sont pas heureuses mais cette bonne dame insiste pour rester dans l’anonymat. Elle ne souhaite pas que son nom soit cité ou que sa photo soit publiée. Nous avons respecté sa décision mais croyons que sa vie peut en inspirer plus d’un(e).

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *