Désirée Zagba, née dans les années 90 est une ivoirienne qui a fait tout son parcours primaire et secondaire à Divo en Côte d’Ivoire. Ce 14 décembre 2018 restera à jamais gravée dans la mémoire de cette photographe. Elle aura beaucoup à raconter en termes d’expérience de vie et de travail ou elle a presque dû devenir une araignée tellement il lui fallait de bras et de temps à elle seule.
Après un second échec au BAC, elle rejoint la capitale économique pour présenter une fois de plus l’examen. En ce moment là elle rêve de devenir professeur de sport. « C’est la seule chose qui me tenait à cœur pour mon avenir professionnel. Ça coulait de source puisque j’ai longtemps été un garçon manqué, excellente au foot. » raconte-t-elle. Effectivement, après le BAC en 2011, elle est reçue au premier tour du concours d’entrée à l’INJS (Institut National de la Jeunesse et des Sports), l’école de formation des professeurs de sport. « En attendant les résultats du second tour je rejoins les parents à Divo et mon père m’offre un ordinateur et un appareil photo. ». Ce qu’elle ignore, c’est que l’attente des résultats des oraux va durer jusqu’en octobre 2012.
Année sabbatique
Désirée met cette année à profit avec sa débrouillardise. « Je me suis installée au village à Grand Lahou/Ebounou où j’ai commencé à faire des photos aux villageois, à couvrir les évènements. Je gagnais de l’argent comme ça en leur vendant les photos et j’ai même développé une activité commerciale de distribution de film, de vente de cartes mémoires et salle de jeux vidéos» raconte-t-elle. Toute seule, sans emploi et loin de la civilisation, elle a trouvé le moyen de s’en sortir entre terre et mer à Ebounou. Ses seules distractions étaient la pêche et la baignade.
Quand elle apprend son échec au concours d’entrée à l’INJS, il faut penser à un plan B. Elle n’en a pas. Elle vient de perdre une année et ne souhaite pas s’inscrire à l’université. Ses parents l’encouragent à trouver sa voie et sa mère lui parle du test d’entrée à l’ISTC (Institut des Sciences et Techniques de la Communication) pour la branche des télécoms. Elle s’y rend et découvre l’existence des Arts et Images et Numériques. Elle intègre cette école et c’est le déclic. Elle a trouvé sa voie et même la possibilité de gagner une autonomie financière. « Avec mon groupe de travail, nous avons mis en place une structure pour la couverture photo et vidéos d’événements » avance Désirée. « J’avais besoin de me prendre en charge pour ne plus peser sur les parents », ajoute-t-elle. Cette activité lui permet de se perfectionner et d’avoir un carnet d’adresses.
Un soutien pour sa famille
Issue d’une fratrie de 7 personnes, Désirée a toujours voulu être autonome « sept enfants c’est beaucoup et ça pèse sur les parents » selon elle. Avec ses entrées d’argent, elle a commencé à se prendre en charge et à soutenir ses parents qui lui ont toujours tout apporté. Pour elle, « il faut gagner son argent par le travail », chose qu’elle faisait déjà à l’école. A la fin de ses études, elle est recrutée dans une multinationale comme contractuelle, elle est associée à Excellensia qui est une entreprise de son frère aîné « et je fais tout ce que mes mains trouvent à faire ». Avec ça, j’arrive à soutenir mes jeunes frères pour décharger les parents. Aujourd’hui elle continue toutes ses activités en plus d’être membre de la cellule de communication d’une plateforme chrétienne, en tant que monteur/photographe. « On préparait depuis des mois un évènement (DEEPER) pour le vendredi 14 décembre, de 21 heures à l’aube avec notre équipe dont je suis la seule femme. C’est avec cette équipe que je couvre les mariages. On a pris un engagement pour couvrir un mariage où les époux n’avaient pas communiqué leur date. Lorsqu’on apprend leur date qui tombe le même jour que DEEPER, il faut assurer et rester opérationnel. »
Journée de folie
Chaque matin à 5 heures, Désirée est sur pied et elle se rend à son travail où elle pointe à 6h30 ou 7 heures et termine sa journée à 17 heures. Ce 14 décembre, elle n’a pas dérogé à la règle surtout qu’elle devait diffuser la newsletter qui sort chaque vendredi. Elle a obtenu de partir à 16 heures ce jour-là après l’évacuation de ses tâches.
Pendant ce temps, la cérémonie de mariage avait démarré depuis 13 heures ; une partie de l’équipe était à pied d’œuvre depuis le matin. Désirée les a rejoint à 17 heures et a pris le lead des opérations jusqu’à la fin de la fête. La veillée (DEEPER) a débuté à 22 heures au Plateau pendant que la soirée de mariage continuait à Cocody. Désirée assure que « les 2 événements étaient sous contrôle puisqu’en fin de soirée, l’équipe s’est scindée ». Elle a mangé sur le pouce ce jour parce
A minuit l’équipe était complète au Plateau. « Le travail s’est poursuivi jusqu’à 6 h du matin. « On a filmé et photographié tous les aspects du programme en même on louait le Seigneur. Il faut insister sur ça » déclare Désirée avec amusement. A la fin de chaque prestation, un debrief est fait concernant l’inventaire du matériel, le point sur la prestation exécutée pour améliorer le service. A 7 heures, elle est rentrée chez elle pour enfin se reposer à 7h 30.
C’est vraiment épuisant de faire tout ça mais la satisfaction et les retours positifs des clients constituent une motivation pour Désirée. Selon elle « quand tu as accepté ce métier, tu as tout accepté ; difficultés ou pas ; métier et environnement masculin ou pas c’est un tout ». Pour preuve, elle trouve le temps de voir se amis, sortir et se distraire. Quand elle ne sort pas, Désirée suis des documentaires à la télévision pour apprendre de nouvelles techniques en regardant les meilleurs travailler. Elle laisse ce conseil aux femmes : « quand tu as un rêve, poursuis le et bat toi pour le réaliser parce qu’il y a toujours des embuches qui ne doivent pas briser notre volonté ». Pour elle, la jeune femme doit se lever et ne pas rechercher la facilité peu importe sa condition car en 2025 « toutes les femmes doivent être autonomes ». Désirée à des rêves plein la tête et souhaite partager cela avec les autres pour les motiver dans les années à venir.
Cynthia Béké
Bravo Désirée pour ton courage et ta détermination.Merci à l’auteur pour ce récit très motivant
Merci Kate. En effet, elle a beaucoup de courage et c’est une femme qui ira loin
Femme battante et courageuse, pleine d’énergie, photographe et Infographiste passionnée. Un exemple pour la génération. Dieu te bénisse Désirée.
Merci à Obasima pour ce riche article.
Vraiment ! Trop de belle et bonne choses à dire sur cette dame d’exception et d’excellence.
Cependant, nous gardons à l’esprit ce bref résumé.
Merci à la rédaction.
Fierté et encouragements.