Je suis coiffeuse : quand la patronne n’est pas là, c’est moi la patronne!

Cette jeune femme de 22 ans est coiffeuse et passionnée de son métier. Elle a appris sur le tas comme plusieurs autres dans la corporation. Auprès de « patronnes », propriétaires de salons de coiffure, elles se forment au défrisage, soins de cheveux, coiffure, tresses, pédicure, manucure, et autres soins de beauté… Tout le monde l’appelle Lili. De son vrai nom, Ekou Edwige travaille depuis 6 ans dans un salon de coiffure à Attoban. Elle est la benjamine d’une famille de 10 enfants.

À peine lettrée mais pas lésée

Lili est le bébé de sa famille, particulièrement celui de sa mère. Elle grandit néanmoins chez l’un de ses aînés qui l’inscrit à l’école primaire au village. Elle ne suit pas vraiment le cours des choses, les cours tout court. Sans raison justifiable, elle abandonne l’école en classe de CE1. Elle s’explique en ces termes « je suis partie un peu à l’école jusqu’en classe de CE1 et j’ai décidé d’arrêter comme ça. On ne m’a pas renvoyée, mais je ne voulais plus y aller. Personne n’a rien dit et ça s’est arrêté là ». Cet abandon ne la laisse pas oisive, elle rejoint plus tard sa grande sœur à Abidjan. Cette dernière est restauratrice et propose une variété de repas à la Riviera 2 dans son restaurant.

Lili l’accompagne naturellement et devient son assistante. Elle l’aide à vendre la nourriture, servir les repas aux clients pendant un moment avant de trouver sa voie à elle. Elle montre par la suite un intérêt pour l’apprentissage de la coiffure : « J’ai aimé ça et j’ai dit à ma grande sœur que c’est ce que je voulais faire ». En 2012, elle intègre un salon de coiffure pour apprendre le métier. Malheureusement, la propriétaire ferme le salon au bout d’un an alors que Lili n’a pas encore le statut de coiffeuse. Elle se retrouve dans un deuxième salon pour achever sa formation ; elle s’y trouve toujours.

Coiffeuse à plein temps.

À la fin de sa formation, Lili a choisi de se mettre au service de sa « patronne » comme coiffeuse. « Je travaille ici depuis 2013. J’ai vu plusieurs coiffeuses qui sont arrivées et parties ensuite. Je suis restée parce que j’aime ce que je fais ici et ma patronne me traite bien. Aujourd’hui, je ne suis plus apprentie et quand la patronne n’est pas là, c’est moi qui suis la patronne » dit-elle dans un éclat de rire. C’est elle qui ouvre le salon à 7 heures 30, fait le ménage et prépare la journée de travail. Elle ferme normalement à 19 heures 30, mais peut aller au-delà s’il y a grande affluence.

Cela dit, le salon de coiffure reçoit des clients tous azimuts. Des femmes de tout âge et des hommes. Les services sont la coiffure (champoingdéfrisage, brushing, tresses, tissage), les soins de visages, la manucure et la pédicure. Ce dernier service est prisé par les hommes également. Selon Lili, ils viennent pour avoir des pieds « clean ». En moyenne, le salon reçoit un minimum de 5 clients par jour pendant la semaine ; et à partir de vendredi, le salon ne désemplit pas jusqu’au dimanche soir. Pendant toute la semaine, Lili est occupée à embellir les clients. Elle sait tout faire, mais excelle en manucure-pédicure ; elle l’affirme en ces termes : « Oh yes ! C’est ma spécialité ! Ça là seulement, je sais faire. Quand la cliente regarde le résultat après la pose du vernis, elle est vraiment satisfaite ». Propos que sa collègue Abiba confirme.

Au-delà de la coiffure

Le mardi est jour de repos pour Lili. Elle utilise ce jour littéralement pour le repos. Elle reste à la maison chez sa sœur qui est aussi sa tutrice. C’est un jour d’oisiveté surtout qu’elle est casanière, pas moyen de la faire sortir. « Tous les mardis, je suis à la maison, je n’aime pas sortir ce jour-là ? Je ne fais rien d’autre que manger et dormir. Je veille sur les enfants de ma sœur quand ils sont à la maison sinon, je ne fais rien d’autre. C’est le repos. Néanmoins je vais à la messe du matin, ensuite je rentre à la maison ». Sa vie est consacrée à son travail au point où ses collègues sont une deuxième famille pour elle. Elle va tous les matins à la messe avant de démarrer vraiment la journée. Sa famille et son petit ami la soutiennent dans ses projets. Elle dit économiser pour être à son propre compte un jour et sa détermination force l’admiration. Pendant ses vacances de 2 semaines, elle passe du temps avec sa mère au village à Bongouanou. Elle lui rapporte des victuailles d’Abidjan et un peu d’argent pour la soutenir.

Lili demande aux jeunes femmes d’apprendre à être autonomes financièrement. Si elles sont déscolarisées, qu’elles apprennent un métier. Si elles sont diplômées, qu’elles se lancent dans une activité pour qui ne trouvent pas du travail.

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