Solange Adou : au nom de l’indépendance financière

7 heures. Solange Adou est à son poste. Comme chaque jour de la semaine. A la même heure. Au même endroit. Avec la même tenue : Chemise à galon jaune, pantalon gris, rangers aux pieds. Uniforme obligatoire quand on est vigile. Solange exerce ce métier pour le compte d’une compagnie de sécurité d’Abidjan. Son lieu de travail est une entreprise située dans la zone industrielle de Vridi dans la commune de Port Bouet.

Huit années de que Solange est dans le métier.  Ici elle est « chef de poste ». « Je suis responsable d’une équipe de 10 personnes sur le site », indique-t-elle. « Mon travail consiste avec mon équipe à assurer la sécurité du site, les contrôles entrées et sorties des visiteurs, clients, employés et toute autre personne ayant accès à l’entreprise », explique la jeune dame. Si ses journées (de travail) durent officiellement de 7 heures du matin à 18 heures, la « Chef » elle arrive toujours avant et part bien après l’heure.

Vigile par la force des choses.

Ce n’était pas son métier de rêve, ni même celui auquel sa formation professionnelle l’aurait prédestiné. En 2003, Solange décroche son BTS (brevet de technicien supérieur) en Communication d’entreprise. Mais ce diplôme ne lui permet pourtant pas de décrocher un emploi. Elle décide alors de lancer son propre business. « Je suis devenue gérante de cabine téléphonique. Ça ne demande pas un gros investissement », se rappelle-t-elle. Un box, une chaise, un parasol, un téléphone mobile et du crédit d’appel. La voilà désormais chef de sa propre entreprise, non sans cesser de trouver un emploi qui cadre avec sa formation.

« C’est par un de mes clients les plus réguliers que j’ai appris qu’il y a la possibilité d’intégrer l’académie de formation d’une société de gardiennage et que l’emploi serait garanti à la fin de la formation », se souvient Solange.

Malgré son niveau d’étude relativement élevé, elle se lance. Après la formation, elle intègre le rang des vigiles et est affectée sur un site pour des gardes de nuits chez un concessionnaire automobile. Ses nouveaux horaires de travail de 17h30 à 06H30 l’empêchent de poursuivre la gestion de son business. « Mais d’un autre côté j’avais un salaire régulier qui me permettait de mieux me prendre en charge », reconnait la jeune dame en ajoutant : « Il fallait me prendre en charge, être autonome dans la dignité ».

Trois mois après son premier poste, le « nouvelle recrue » passe « en jour » et est affectée dans une autre entreprise.

 

Tenir malgré tout

« Faire un tel travail n’est pas chose aisée », reconnait Solange. Le manque de respect vis à vis de son travail « subalterne », un sentiment d’infériorité, le mépris des hommes qui bravent son autorité et la frustration de ne pas voir d’évolution poindre à l’horizon. L’impossibilité de trouver des opportunités de travail ou concours équivalant à sa formation. « Sans compter que ce travail est épuisant avec un seul jour de repos dans la semaine », précise-t-elle.

Dans ces difficultés Solange trouve des pans de satisfaction : se prendre en charge et être indépendante financièrement. « Je n’ai plus à solliciter l’aide de ma famille et je peux décider de ce que je veux », affirme-t-elle fièrement. Elle n’est pas amère. Au contraire elle encourage les autres femmes à se prendre en charge. « Les jeunes femmes doivent se lever pour gagner leur vie, chercher leur autonomie financière, se battre. Parce qu’aujourd’hui, il n’est pas facile de toujours attendre des autres. Les femmes doivent se battre », conseille-t-elle à l’endroit des autres femmes.

Pour l’avenir, Solange Adou ambitionne de se doter d’une boutique de vente de pagnes, d’articles féminins et de produits cosmétiques quand elle aura suffisamment d’économies.

Please follow and like us:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *